A Paris, le parquet et la préfecture de police réaffirment leur mobilisation contre le crack

S’il reste « marginal sur le plan quantitatif » et « très localisé » dans certains arrondissements de la capitale, le phénomène demeure « très visible » rappellent les autorités.

Face à la multiplication des doléances de riverains habitant dans le nord-est de Paris et afin de ne pas leur abandonner le terrain de la communication sur les nuisances provoquées par le trafic de crack, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, et le préfet de police de Paris, Didier Lallement, tenaient à faire savoir qu’ils avaient saisi le problème à bras-le-corps.

A l’occasion d’une conférence de presse tenue jeudi 19 novembre dans les locaux de la préfecture et intitulée « Lutte contre le crack à Paris », ils ont tour à tour réaffirmé la mobilisation de leurs services. Didier Lallement a ainsi rappelé que son action « consistait à faire en sorte que l’espace public ne soit pas confisqué par des minorités », rappelant l’évacuation il y a plusieurs mois de la « colline du crack », porte de La Chapelle.Le procureur de Paris a, pour sa part, dit sa volonté de mener une « politique pénale déterminée face à une population très précarisée et très dégradée sur le plan sanitaire combinée à une réponse sanitaire et thérapeutique ».

La directrice de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Valérie Martineau, a indiqué que le trafic de crack, s’il était « marginal sur le plan quantitatif » – 444 kg de drogue ont été saisis depuis le début de l’année dont 1,6 kg de crack – « très localisé » – les 10e, 18e et 19e arrondissements de Paris représentent 85 % des infractions liées au crack sur la capitale –, était pour autant « un phénomène très visible, accentué par le confinement, qui affecte la physionomie de la voie publique ». Elle a ensuite précisé les actions « protéiformes » qui étaient menées notamment avec la sûreté régionale des transports et les effectifs de nuit de la brigade anticriminalité de Paris.

Aménagements vers Stalingrad

En concertation avec la Mairie de Paris, des aménagements sont en cours sur la place de la Bataille-de-Stalingrad dans le 19e arrondissement afin de limiter les possibilités aux consommateurs, évalués à 1 500 personnes environ et dont le « profil type » a été décrit comme un « homme majeur très régulièrement en situation irrégulière », de se rassembler là où ils ne pourraient être visibles par la police. « La luminosité de la place a été augmentée et certaines arcades ont été obstruées », a ainsi indiqué la commissaire de l’arrondissement, Florence Adam.

Le directeur de la sûreté régionale des transports, M. Cabon, a souligné qu’il n’existait pas de réseau de trafiquants au sens traditionnel du terme. « Nous sommes face à un trafic de fourmis », a-t-il dit tout en rassurant l’auditoire en affirmant être « un tamanoir ». Plusieurs intervenants ont décrit un trafic qui n’était pas concurrent de celui de la cocaïne, qui rentre dans la composition du crack, et qui ne générait pas d’importants revenus comme d’autres produits stupéfiants. Sur les 44 dossiers qui ont été traités par le commissariat du 19e arrondissement, seuls 24 459 euros d’avoirs criminels ont été saisis.

Il arrive pour autant que le parquet de Paris utilise des moyens d’enquête consacrés à la criminalité organisée pour identifier les « gestionnaires » qui peuvent gérer chacun trois à quatre vendeurs et localiser les cuisines rudimentaires, le plus souvent en Seine-Saint-Denis, où est fabriqué le crack, ainsi que l’a rappelé Julie Colin, chef de la section en charge notamment de la lutte contre le trafic de stupéfiant au parquet de Paris.

Quant aux consommateurs interpellés, ils peuvent être visés par une mesure d’interdiction de paraître dans les lieux de vente, qui sera ensuite inscrite au fichier des personnes recherchées. Ils peuvent en outre faire l’objet d’une injonction thérapeutique alternative aux poursuites, a rappelé son collègue Nicolas Hennebelle, comme ce fut le cas pour 355 d’entre eux depuis le début de l’année. Interrogés sur le sujet, Didier Lallement et Rémy Heitz se sont, en revanche, dit opposés à l’ouverture d’une nouvelle salle de consommation à moindre risque à Paris.

Source : https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/20/a-paris-le-parquet-et-la-prefecture-de-police-reaffirment-leur-mobilisation-contre-le-crack_6060481_3224.html.

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