Après 3 semaines d’audience, les avocates générales ont requis des peines de prison de 7 à 14 ans à l’encontre de Jean-Philippe Jean Louis, Farid Khelil et Yassine Sebaihia, 3 proches des 2 terroristes qui ont assassiné le père Hamel en 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).
Les avocates générales ont par ailleurs demandé la peine maximale, soit la réclusion à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, à l’encontre du propagandiste de l’organisation État islamique Rachid Kassim, instigateur incontestable de cet attentat, présumé mort en Irak en 2017.
Attentat de l’église
Le 26 Juillet 2016, à 9 heures 43, au cours de la célébration de la messe du matin, 2 terroristes islamistes munis d’armes blanches font irruption dans l’église Saint-Étienne (Loire). Dans un premier temps, ils s’en prennent au père Jacques Hamel qui officie devant quatre fidèles, dont 2 religieuses. Selon un témoin, ils ont crié « Vous les chrétiens vous nous supprimez ! » et ont contraint le prêtre à se mettre à genoux, puis l’ont agressé violemment.
La police ayant été prévenue, la brigade de recherche et d’intervention de Rouen (Seine-Maritime) cerne les lieux puis abat les deux terroristes djihadistes alors que ces derniers sortent de l’édifice. Le père Hamel est retrouvé mort, égorgé par 18 coups de couteau, tandis qu’un fidèle est grièvement blessé à la gorge.
« Va-t’en Satan » ont été les derniers mots du prêtre, adressés à son assassin. L’historien Jean-François Colosimo souligne que c’est la première fois qu’un prêtre est tué en France au cours d’une messe depuis la guerre de Vendée. Il s’agit également du premier meurtre perpétré par l’État islamique dans une église européenne. L’agence vaticane Fides précise que le père Hamel est l’unique prêtre catholique assassiné en Europe en 2016, sur un total de 28 missionnaires catholiques assassinés cette année-là dans le monde.
Selon un article publié le 4 Janvier 2018, la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (Île-de-France) a eu à l’avance connaissance d’un message d’un des terroristes qui annonçait un attentat dans une église et mentionnait Saint-Étienne-du-Rouvray après l’assassinat, la la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris a postdaté des documents qui révélaient son manque de réactivité.
14, 9 et 7 ans de réclusion criminelle pour les accusés
La peine la plus lourde 14 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des 2 tiers, a été réclamée à l’encontre de Jean-Philippe Jean Louis, le plus jeune des accusés âgé de 25 ans, pour avoir été le porte-voix de l’idéologie mortifère de l’EI sur la messagerie cryptée Telegram, avoir été un facilitateur de départs vers la Syrie et avoir lui-même tenté de s’y rendre en compagnie d’Abdel-Malik Petitjean, l’un des assassins du père Hamel.
L’accusation a ensuite requis 9 ans d’emprisonnement avec une peine de sûreté des 2 tiers pour Farid Khelil, 36 ans, cousin d’Abdel-Malik Petitjean.
Une peine plus légère, de 7 ans d’emprisonnement, a été demandée pour Yassine Sebaihia, 27 ans, vu comme l’apprenti jihadiste, pas assez mûr pour passer à l’action lui-même, mais en adhésion totale. Le jeune homme s’était rendu chez Adel Kermiche, le second jihadiste, 2 jours avant les faits, selon lui pour suivre des cours de religion, avant de repartir dès le lendemain matin. Kermiche avait lui aussi été abattu lors de l’assaut des forces de l’ordre.