Déjà 12 agressions de chevaux dans l’Eure, la gendarmerie crée une brigade spéciale

Pour endiguer la multiplication des agressions et calmer l’inquiétude des propriétaires de chevaux, le groupement de gendarmerie a créé une Brigade de Contacts Équins (BCE).

« Chaque matin, on se lève avec la boule au ventre et la crainte de retrouver un animal blessé » A la tête du centre équestre de Saint-Aquilin-de-Pacy, Christophe Boudewel vit, comme nombre de ses collègues, dans la psychose. Même si, à ce jour, aucun de ses 44 équidés n’a fait l’objet d’une agression.

Dans le département, par contre, les services de la gendarmerie recensent, déjà, une douzaine d’actes délictueux. « Par ailleurs, une trentaine de signalements ont fait l’objet d’un appel » confirme le chef d’escadron, Sylvain Vigneux.

Certes, les propriétaires – plus d’un millier dans l’Eure – n’ont pas eu à déplorer de gestes de barbarie, comme en Lorraine ou en Bretagne où les montures avaient été victimes de mutilations : oreilles, crinière, parties génitales, etc.

« Une sorte de mimétisme »

Pour Christophe Boudewel, la récurrence de ces agressions relève de l’effet miroir, au sens le plus abject du terme.

« La diffusion des faits et des photos, sur les réseaux sociaux, donne des mauvaises idées aux gens », hypothèse que valide le chef d’escadron : « On observe une sorte de mimétisme. À moins qu’il ne s’agisse de vengeances, ou d’actions qui servent à alimenter les réseaux parallèles comme Darknet. Bien que toutes les pistes soient explorées, on n’a pas trouvé trace de vidéos. »

Mais impossible, à ce jour, de mettre un nom et un visage sur les auteurs de ces expéditions nocturnes comme récemment à Gauciel, où un cheval de 23 ans a été retrouvé, dans son pré, le front entaillé sur 20 centimètres

Certes, les enquêteurs disposent de quelques indices, des voitures circulant dans le secteur et repérées par la vidéosurveillance.

« On recoupe, on contrôle. Mais toutes ces vérifications prennent du temps tout en sachant que d’une agression à l’autre, les modes opératoires varient » constate Sylvain Vigneux.

Le tour du propriétaire

Alors, pour freiner la psychose, tempérer le climat anxiogène et tenter de coincer les fautifs – « l’idéal serait de les prendre sur le vif » -, le groupement de gendarmerie vient d’appeler ses réservistes à la rescousse.

Regroupés au sein de la Brigade de Contacts Équins, ils affichent une parfaite connaissance du milieu, tantôt comme cavalier, tantôt comme propriétaire. Indispensable pour compléter le dispositif mis en place et faire le tour… du propriétaire.

« À l’instar de l’opération tranquillité vacances, on peut parler de l’opération tranquillité équidés » Concrètement, les membres de la BCE vont à la rencontre des éleveurs et responsables de centres hippiques, distillant conseils et astuces : renforcement des clôtures, intensification des rondes nocturnes, pose d’appareils-photos de chasse.

« Pour ma part, j’ai fait installer une caméra à 360 degrés. Elle balaie les écuries et l’ensemble du site » révèle l’Ébroïcien Franck Douville, patron du haras de Valême. Où sont hébergés 60 chevaux.

« Il y a des fous partout »

Bien sûr, les nuits du propriétaire sont plus courtes qu’à l’ordinaire.

« Je tourne régulièrement dans les écuries et les enclos. Et au cas où, les chiens sont là pour donner l’alerte » se rassure Franck Douville… tout en se déclarant impuissant face au phénomène.

« Le monde va mal, en règle générale. Il y a des fous partout, on assiste là une effervescence de débiles » ose même l’intéressé.

Pendant ce temps, les militaires multiplient les patrouilles et les experts de la BCE traquent le moindre indice. Pas simple dans un département où des milliers de chevaux aspirent à trotter en paix…

Directeur de recherche au CNRS et membre de l’Académie de l’agriculture, Jean-Pierre Digard explorait, chez nos confrères de La Montagne, plusieurs pistes.

« En effet, on retrouve des oreilles droites coupées, des lacérations au niveau des flancs, des mutilations des parties génitales. Des actes de barbarie qui peuvent évoquer des rites sataniques. Ou alors, pourquoi ne pas penser pas à une vengeance de classe, le cheval étant connoté comme animal des riches » développe l’intéressé, persuadé que ceux qui commettent ces atrocités connaissent bien les chevaux.

« Je ne vois que cela pour expliquer ces faits. Mais ce qui manque, ce sont des raisons objectives de s’en prendre ainsi aux équidés. Si ces personnes s’en prenaient à des chevaux de corrida, par exemple, on aurait une explication, mais il ne s’agit pas de cela » conclut Jean-Pierre Digard.

Source : https://actu.fr/normandie/evreux_27229/deja-12-agressions-de-chevaux-dans-l-eure-la-gendarmerie-cree-une-brigade-speciale_37009508.html.

Vous aimez notre article ? Partagez-le !
Allo17.fr
Allo17.fr

Retrouvez les actualités importantes et vérifiées police et gendarmerie des régions et départements en temps réel.

Articles: 368

La lettre d’information de Allo17.fr

Recevez chaque Dimanche, un condensé des actualités de la semaine :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *