Le président demande au gouvernement de faire « des propositions » pour « réaffirmer le lien de confiance » avec la police après l’agression d’un producteur de musique par des policiers, samedi à Paris.
« Les images que nous avons tous vues de l’agression de Michel Zecler sont inacceptables. Elles nous font honte. La France ne doit jamais se résoudre à la violence ou la brutalité, d’où qu’elles viennent. La France ne doit jamais laisser prospérer la haine ou le racisme », a écrit Emmanuel Macron, vendredi 27 novembre, sur Facebook. Le président de la République réclame « une police exemplaire avec les Français, des Français exemplaires avec les forces de l’ordre comme avec tous les représentants de l’autorité publique ».
Dans son message, il demande « au gouvernement de [lui] faire rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent et pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations ».
Dans la matinée, l’Elysée avait fait part de la première réaction officielle du chef de l’Etat au lendemain de la médiatisation de cette affaire, qui déclenche une polémique y compris au sein de sa majorité, signalant que le président s’était dit « très choqué » par la vidéo dévoilée par le média Loopsider montrant des policiers frappant ce producteur de musique noir à Paris.
« Garant des libertés »
Le président rappelle son attachement aux « libertés », dont il est « le garant » : « Liberté d’expression et liberté de la presse. Je n’ai jamais cessé de défendre ces principes et tous ceux qui l’incarnent » et « liberté de manifester. Quelles que soient les circonstances, chaque citoyen doit pouvoir exprimer ses convictions et revendications à l’abri de toute violence et de toute pression. » Il ajoute : « La France est un pays d’ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d’arbitraire. »
Le président de la République a reçu jeudi son ministre de l’intérieur et lui a demandé de prononcer des sanctions très claires contre les policiers, a fait savoir, par ailleurs, une source gouvernementale. Après cette rencontre, le ministre a annoncé sur France 2, jeudi soir, qu’il demandait la révocation des quatre policiers, en pleine polémique sur le droit de filmer les forces de l’ordre en opération.
Tout en exprimant son « soutien sans faille » aux forces de l’ordre dans leur globalité, Gérald Darmanin a ajouté : « Lorsqu’il y a des gens qui déconnent, ils doivent quitter l’uniforme de la République, ils doivent être sanctionnés, ils doivent quitter ce travail, ils doivent être punis par la justice. »
A l’Elysée, le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, a reçu jeudi la Défenseure des droits, Claire Hédon, selon un proche de l’exécutif, qui souligne que le chef de l’Etat souhaite l’apaisement.
Le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, s’est lui aussi dit « scandalisé » par les images « de violence policière, ajoutant qu’il » faut filmer, mais sans commenter l’article 24, dont la constitutionnalité même est mise en doute par nombre de juristes.
Souhait d’apaisement
Jusqu’ici, ce dernier ne s’est exprimé ni sur les images de policiers qui ont évacué brutalement des migrants place de la République, à Paris, ni à propos de l’article 24 de la loi sur la « sécurité globale », qui veut sanctionner la diffusion avec intention malveillante d’images de policiers en opération. Il ne veut pas, au nom de la séparation des pouvoirs, s’exprimer sur un texte d’origine parlementaire, relève un cadre de la majorité.
Plusieurs de ses proches se sont, en revanche, publiquement indignés du passage à tabac du producteur, parmi lesquels le conseiller politique du président, Stéphane Séjourné, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, et le président des députés LRM, Christophe Castaner, trois membres de son premier cercle.
Richard Ferrand a mis en garde contre un « usage » de la force qui « sape le lien de confiance indispensable entre les citoyens et ceux qui nous protègent, et doit être sanctionné sans faiblesse ». « Il est temps que le préfet de police fasse en sorte que ceux qui font respecter la loi la respectent eux-mêmes », a dit l’eurodéputé Stéphane Séjourné.
La presse étrangère a également taclé le président à propos de la loi sur la « sécurité globale ». Dans un éditorial, le quotidien économique et financier britannique libéral Financial Times critique ainsi « le plan autoritaire d’Emmanuel Macron pour protéger la police française ». Le journal, d’ordinaire très clément à l’égard du président français, y voit un « virage à droite » du président « seulement dix-sept mois avant la prochaine élection présidentielle ». « Emmanuel Macron a perdu la confiance de nombreux électeurs de gauche qui ont contribué à le propulser vers la victoire en 2017. Ses chances de réélection dépendent de l’élargissement de son électorat à droite de l’échiquier politique », analyse le quotidien.
La diffusion de ces « quinze minutes de coups et d’insultes racistes » contre Michel Zecler a suscité une vive émotion en France, au-delà même de la classe politique. Plusieurs stars du football comme Antoine Griezmann ou Kylian Mbappé ont notamment exprimé leur colère sur les réseaux sociaux, alors que les critiques des méthodes de la police française se multiplient ces derniers jours à la suite d’interventions violentes.
Vendredi, le parquet de Paris a fait savoir que les quatre policiers qui font l’objet d’une enquête étaient convoqués pour être entendus sous le régime de la garde à vue dans les locaux de l’IGPN.
Voilà notre police, raciste, ne sont pas présents pour notre sécurité, que voulez-vous faire ?
Les pays étrangers sont contre les violences policières, les USA et la France, nous sommes dans la même guerre.